La foi en soi

 

Cela fait des années que je n'ai pas écrit de fiction. Au cours des dix dernières années, j'ai lu, édité, traduit, coaché d'autres auteurs, écrit un tas de sites web, de la poésie, un one woman show et d'innombrables descriptions d'ateliers. Mais j'ai soigneusement évité la fiction, et je sais maintenant pourquoi : Je ne suis pas douée pour ça. Toutes ces autres choses me viennent naturellement, et la première version est souvent assez proche de la version finale. Pas la fiction.


Alors que, en ce mois de juillet mitigé, je rame pour écrire le premier jet d'une histoire qui me tient à coeur, je me trouve dans une merveilleuse opportunité de mettre en pratique mon discours sur l'imperfection, à l'extrême. Parce que c'est une chose d'accepter l'imperfection dans sa vie, et c'en est une autre de travailler tous les jours sur quelque chose avec la conscience que c'est vraiment mauvais. Je sais que pour la plupart des écrivains, la principale qualité d'un premier jet est qu'il est nul. Il n'est là que pour vous aider à mettre sur la page une version grossière de l'histoire et des personnages. Et si, d'une certaine manière, c'est libérateur, c'est aussi un véritable test pour moi.


Récemment, au cours de conversations sans rapport, deux amies différentes m'ont parlé de foi. Pas la foi religieuse, mais la foi qui vous permet de croire que vous serez capable de vous transformer suffisamment pour atteindre la pleine manifestation de vous-même dans cette vie. L'écriture m'aide à travailler sur la foi. Parce que pour continuer chaque jour, je dois croire que je serai capable de transformer ce manuscrit en quelque chose de décent à un moment donné. Je ne le sais pas encore. Au moment où j'écris, rien ne laisse présager que j'aurai le talent nécessaire pour en faire quelque chose que j'aime, ou qui exprime toute la complexité de ce que je porte en moi. Mais que je sois ou non un jour capable de le faire, la pratique quotidienne de s'y tenir est un petit pas dans l'expansion de ma capacité à avoir la foi. Car là, c'est facile : je suis seule avec mes mots, et personne ne verra ni ne sera affecté si j'échoue.

Mais j'espère que cela renforcera ma capacité à avoir la foi face à la pression, à la responsabilité, à la croissance dans le monde extérieur.
Avoir foi en soi est complètement différent d'avoir confiance. J'ai confiance quand je fais confiance à mes compétences existantes, ou à ma capacité à répondre à tout ce que la vie me présente. Avoir la foi implique de croire en ma capacité à développer une compétence que je n'ai jamais vue ni testée en moi-même. Il est si difficile pour nous, les humains, de nous imaginer différents de ce que nous sommes aujourd'hui (dans le futur comme dans le passé, c'est pourquoi très souvent nous ne réalisons pas à quel point nous avons évolué). N'est-il pas logique que nous ayons besoin de le pratiquer ? Que pourriez-vous faire dans votre vie pour pratiquer la foi en votre vision de vous-même ?

 
RéflexionsLaure Porche